Publié sur Instagram (ericpaname)
À Paris, le boulevard Beaumarchais, achevé en 1705 sur l’emplacement de l’ancienne digue de l’enceinte de Charles V, court de la place de la Bastille à la rue du Pont-aux-Choux. À son extrémité sud, au numéro 3, fut créé au XIXe siècle le fameux restaurant « Aux quatre sergents de la Rochelle », présent dans l’œuvre de Jules Romains et dans celle de Georges Simenon, qui survécut jusque dans les années 1970. Un établissement de la chaîne « Léon de Bruxelles » (aujourd’hui « Léon ») lui succéda pour être lui-même remplacé en 2022 par le charmant restaurant fusion franco-allemand Prost (= Santé ! en allemand).
Une carte variée à des prix très raisonnables mêlant classiques allemands (flammekueche, saucisses purée, choucroute, spätzles) et français parfois revisités (bourguignon, homard rôti, parmentier de canard) et une carte des boissons où les bières sont omniprésentes mais les vins allemands absents, c’est dommage. Chaque entrée et chaque plat est complété d’une suggestion d’accompagnement : vin (français) ou bière, c’est une excellente idée ! Une salle bruyante et animée au rez-de-chaussée, une autre plus cosy au premier étage, agrémentée de plusieurs alcôves romantiques et d’un espace privatisable en mode speakeasy, astucieusement dissimulé derrière une façade de bouteilles escamotable.
Mon « Kaiser’s crush » (littéralement, « béguin de l’Empereur ») m’est servi dans un verre old fashioned en forme de tête de mort. Le mélange rhum Kraken (Trinité-et-Tobago), jus d’orange frais, kirsch et cerise au marasquin ne me saoulera pas mais reste agréable.
Six jolis couteaux aillés et al dente me transportent bien loin de la Mannschaft que je vois apparaître sur l’écran géant accroché en salle. Ils sont très corrects mais manquent un peu, à mon goût, de gras sous forme de persillade beurrée (les couteaux, pas les joueurs).
Pour accompagner ce dîner, point de bière car je n’en bois jamais, mais un gourmand saint-nicolas-de-bourgueil Les Échaillons 2022, simple mais très fruité et révélant des arômes épicés après quelques minutes d’oxygénation. Il s’accorde à ravir avec mon confit d’agneau, purée de céleri rave et pomme de terre à l’ail. Savoureux mais, une fois encore, un peu sec et semblant provenir d’une cuisson sous vide, contre laquelle je n’ai rien mais qui aurait peut-être gagné à être relevé d’un jus de rôti ou d’un fond brun de veau maison.
Ne sachant trancher entre la profiterole glace vanille, chantilly sauce chocolat chaud et le savarin au rhum, chantilly aux fruits exotiques, je commande les deux (oui, je sais, c’est mal…). De belle facture, ces deux desserts sont élégamment réalisés et viennent conclure cet épatant dîner dans un cadre fort plaisant à proximité immédiate d’un quartier que j’adore, pour une addition d’environ 57 € (avec un seul dessert).